PARIS: DOUBLE VISION — LA DAME À LA LICORNE

The tapestries depicted here, La Dame à la licorne, The Lady and the Unicorn, are part of a cycle of six, created during the 15th Century.  The designs were drawn in Paris and the tapestries woven in Flanders from wool and silk.  Among the greatest glories of medieval art, they now reside in the Musée de Cluny in Paris, where my friend Coralie recently went to visit them.  She sends this report about her reaction to them:

Je n’ai pas rendu visite à la Dame à la licorne depuis mon
adolescence.  Je suis très impatiente de la retrouver.  Il me faut
traverser plusieurs pièces de l’hôtel de Cluny, monter des escaliers,
avant d’accéder à la salle où elle réside.  Je me demande si je la
trouverai changée.  J’ai une forme d’anxiété qui envahit mon corps.  Un
étroit corridor m’invite au recueillement ; je devine sa présence à
proximité.  Le couloir débouche sur une immense pièce dont le sombre
m’empêche de distinguer le plafond autant que le sol dans lequel mes
pas s’évanouissent.  Il me semble pénétrer l’immensité de la nuit.  La
tranquillité est celle de l’infini.  Le noir est tellement épais que je
ne perçois aucune présence autre que la sienne.  Au milieu de cette
sphère céleste, un petit banc métallique sur lequel je me libère de mes
affaires, flotte comme par enchantement.  Je tourne lentement sur
moi-même et tandis qu’elle m’enveloppe de son manteau intemporel, je
m’immerge dans son monde hypnotique.

L’inscription À mon seul désir qui surplombe la tente de la sixième tapisserie, me fige sans pensée, m’épanouissant de son mystère.  Il s’entame dès lors un échange entre
nous, comme s’il se déroulait à mon insu.  Puis, elle anime – en moi –
sa beauté, s’y déplie, comme en territoire conquis.  Le phénomène
s’avère si naturel, qu’une résistance en serait inconcevable.
M’ennoblissant de présence initiatique, elle se fait l’hôte de mon
corps, lieu de son apparition.

Sans permettre au temps qu’il puisse se signifier, je quitte la pièce machinalement.  Malgré la lumière extérieure, je porte en moi, l’empreinte de son passage.  Elle vaut
tout autant.  Ce sentiment véhicule une complicité, sans que les jours
qui se succèdent, ne puissent en altérer la fraîcheur.  Je ne suis plus
comme avant.

[Photographs © 2009 Coralie Chappat]